Hôtel de ville

Précisons d’abord que la maison communale… n’a pas toujours été là ! Le premier bâtiment officiel était la Vierschaere, implantée au début de la rue de Courtrai (là où se situe désormais le café « Le Brasseur »). Ensuite, vers 1795, l’administration communale mouscronnoise s’installe dans un… cabaret, naturellement baptisé « Maison communale » et qui se trouvait alors rue du Château (actuellement Avenue Royale à l’emplacement du collège St-Henri). Durant quinze années (à partir de 1875), le temps de construction de l’actuelle bâtisse, les services ont « squatté » l’ancien presbytère. Et c’est en 1890, qu’ils ont pu prendre possession de cet hôtel de ville au cœur de la cité des Hurlus.

S’il n’a été bourgmestre de Mouscron que durant quelques années, Henri Dubiez a marqué son passage de jolie manière. C’est en effet ce libéral qui est à la base de l’hôtel néogothique qui fait la fierté de Mouscron. Industriel textile, il a assuré le mayorat au décès de Louis Dassonville, mais s’est retiré suite au scrutin communal de 1890.

Un concours architectural a été lancé, qui laissait libre cours « à tous les genres architecturaux » et qui suscita l’imagination de 22 architectes dont un certain Victor Horta, futur chef de file belge du style Art nouveau…

L’élu est René Buyck, de Bruges. L’entrepreneur qui réalisa le chantier est mouscronnois, Émile Vandeghen, installé rue du Luxembourg. Le fait que le néogothique ait été choisi en cette fin de XIXe siècle témoigne bien de la vogue dont bénéficiait alors ce courant architectural.

 

Un style néogothique

Le style est très vertical, comme on le voit avec la façade subdivisée en treize travées, soit trois qui composent une partie centrale en légère saillie, et cinq de chaque côté de cette partie centrale.

Les éléments décoratifs les plus remarquables, faisant référence au gothique, sont certainement les fenêtres à croisée, chacune avec traverse (séparation horizontale) et meneau (séparation verticale) en pierre et avec, soit des arcs lancéolés (fenêtres du rez-de-chaussée), soit des remplages de baie en arc brisé, à ouvertures en forme de flammes (gothique flamboyant des fenêtres du premier étage).

Le pignon qui surplombe la partie centrale est aussi très caractéristique ; il est dit « à pas-de-moineau » (en gradins). Les pignons latéraux sont de même aspect.

Les échauguettes méritent d’être signalées, sorte de guérites, de tourelles, qui font penser à un château fort mais qui en l’occurrence n’ont évidemment qu’une valeur décorative. Les gargouilles ressemblent à ces petits canaux de rejet des eaux de pluie des cathédrales.

La référence au gothique est aussi évidente avec les statuettes qui décorent certaines niches. On en trouve quatre à hauteur du balcon de la salle du Conseil. Elles représentent des hérauts d’arme.

La brique est largement dominante, mais on trouve aussi de la pierre (blanche pour les parties sculptées, bleue pour les soubassements).

La toiture en bâtière très pentue est en ardoise.

Dernière observation en forme de clin d’œil : trois armoiries se trouvent sur l’hôtel de ville de Mouscron (dans la partie centrale du bâtiment) : celles de l’État belge, de la Ville de Mouscron et de la Province.

Oui, mais… à l’époque de la construction du bâtiment, Mouscron se trouvait en Flandre occidentale et c’est donc les armoiries de la West-Vlaanderen qui sont incrustées dans la façade et qui ont, par la suite (1963), été partiellement recouvertes par les armoiries du Hainaut …

Les différents services administratifs se sentant de plus en plus à l’étroit, l’hôtel de ville a fait place au Centre Administratif Mouscronnois (CAM) situé rue de Courtrai en 2016.